En août 2015, on comptait environ 1,35 million de chômeurs au Canada, dont 356 000 au Québec, selon les données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada. Dans les deux cas, c’est légèrement plus qu’un an plus tôt.

Pourtant, les propriétaires de petites et moyennes entreprises affirment éprouver beaucoup de difficultés à embaucher.

Cette asymétrie du marché du travail est bien documentée et particulièrement forte dans un pays aussi vaste que le Canada où la composition du tissu industriel varie beaucoup selon les régions.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a sondé ses membres au mois de mai pour y voir plus clair. L’analyse des résultats de 8824 répondants est parue dernièrement.

Premier constat, les chefs de PME considèrent que les employés représentent le plus grand gage de succès de leur entreprise, loin devant par exemple la préparation méticuleuse du plan d’affaires tel qu’on l’enseigne dans toutes les écoles de gestion.

Dès lors, on peut comprendre l’importance attachée à l’embauche et à la rétention des bons employés, jugées plus importantes encore que les produits ou services proposés par l’entreprise.

La main-d’œuvre qualifiée étant rare, les PME rivalisent avec la grande pour les embaucher. Parmi les avantages qu’elles peuvent offrir, les répondants notent avant tout la souplesse pour la conciliation travail-vie familiale, une rémunération concurrentielle grâce aux primes et aux commissions ainsi que l’éventail des responsabilités possibles.

Malgré tout, les deux tiers des répondants affirment avoir éprouvé des difficultés à recruter du personnel au cours des trois dernières années. À l’échelle canadienne, 40 % affirment avoir eu un peu de difficultés et 27 % beaucoup.

Cette proportion varie selon les provinces ou le type d’industrie. Ainsi, la proportion de PME qui éprouvent beaucoup de difficultés à dénicher la perle rare atteint 35 % en Alberta, mais seulement 15 % à Terre-Neuve-et-Labrador. Au Québec, elle atteint 29 %, soit quatre points de plus qu’en Ontario.

Si on décline les réponses selon l’industrie, il semble plus difficile de recruter dans les services personnels (39 %), les ressources naturelles (34 %) et l’hébergement et la restauration (34 %) que dans les services sociaux (17 %) ou la finance, l’assurance et l’immobilier (20 %).

Les employeurs prêts à embaucher déplorent la pénurie de candidats qualifiés et les attentes salariales trop élevées de nombre d’entre eux. Dans certains secteurs, comme l’hébergement et la restauration, on remarque aussi que beaucoup de candidats ne daignent pas se présenter aux entrevues.

On déplore dans cette industrie qu’un grand nombre d’employés ne s’embarrassent pas de donner un préavis de deux semaines lorsqu’ils démissionnent.

Plus des deux tiers (68 %) des employeurs PME jugent que la qualité des candidats se serait détériorée depuis quelques années, en particulier leur éthique du travail (71 %). En revanche, neuf sur 10 affirment pouvoir compter sur leurs employés pour faire leur travail, faire des efforts supplémentaires pour un client (81 %) ou donner un coup de main non sollicité (77 %).

Enfin, le questionnaire demandait quels étaient les comportements les plus susceptibles d’entraver la productivité. Sans surprise, l’utilisation des courriels ou du téléphone à des fins personnelles vient au premier rang.

 

 

R Le Cours, La Presse